Baccara : l’histoire du duo disco qui a fait danser toute l’Europe

Retour sur leur incroyable parcours, de leur découverte dans un hôtel des Canaries à leur participation à l’Eurovision, en passant par leurs titres devenus cultes.

Qui est Baccara ?

L’histoire commence au début des années 70, dans les îles Canaries. Mayte Mateos et María Mendiola sont danseuses dans un cabaret de Fuerteventura. Ensemble, elles forment un duo qui mêle danse espagnole et variétés internationales.

Lors d’une de leurs prestations dans un grand hôtel, elles sont remarquées par un producteur allemand, Rolf Soja, qui y voit le potentiel d’un duo féminin hispanique au charme universel. Il leur propose un contrat chez RCA Allemagne et façonne pour elles une identité disco sophistiquée : sensualité, élégance et humour assumé.

Le nom choisi ? Baccara, en référence à une variété de rose noire, symbole de passion et de mystère.

Un phénomène disco en 1977

Le 2 juillet 1977, le duo sort son premier single : Yes Sir, I Can Boogie. Et c’est le choc. La chanson, toute en cordes luxuriantes et en chœurs langoureux, s’impose comme l’un des plus grands succès disco européens de l’année.

Le refrain est entêtant, la production soignée, les voix légèrement accentuées : un cocktail irrésistible. En quelques mois, le 45 tours s’écoule à plus de 16 millions d’exemplaires, devenant l’un des singles les plus vendus de l’histoire du disco.

Le paradoxe ? Un triomphe total en Europe, mais un échec complet aux États-Unis, où le duo n’a jamais percé.

Les codes visuels du groupe jouent aussi un rôle clé : robes fendues, glamour étudié, érotisme suggéré mais jamais vulgaire. Rolf Soja a tout compris : dans cette époque saturée de paillettes, la retenue devient un art et retrouve un petit goût d’innocence.

Baccara devient une marque à part entière, à la fois ibérique, allemande et universelle.

L’Eurovision en 1978 : “Parlez-vous français ?”

Le 22 avril 1978, Baccara représente… le Luxembourg ! Le pays, qui n’a pas d’industrie musicale importante, choisit souvent des artistes étrangers pour le concours. Pour cette édition, le Grand-Duché mise sur la notoriété européenne du duo. Et Rolf Soja compose un titre sur mesure : “Parlez-vous français ?”, chanson disco légère célébrant la langue de Molière comme celle de l’amour.

Problème : les deux chanteuses espagnoles ne parlent pas un mot de français. Leur accent est si prononcé que les paroles deviennent presque incompréhensibles. Mais le charme opère : le public adore, la prestation est colorée, rythmée et irrésistiblement kitsch.

Résultat : une 7ᵉ place honorable, et un nouveau tube en Europe. Baccara enregistre d’ailleurs une version anglaise du titre pour le marché international. En route pour la gloire ! Écoutez la différence.

Un titre méconnu de Baccara : “Sorry, I’m A Lady”

Après Yes Sir, I Can Boogie, le duo enchaîne avec Sorry, I’m A Lady (1978), un autre succès signé Rolf Soja et Frank Dostal. Moins connu aujourd’hui, le morceau reste un bijou disco : rythmes chaloupés, orchestration élégante et, une nouvelle fois, un bon sens de l’ironie et de l’autodérision (ce qui n’était pas courant à l’époque dans le milieu disco).

Ce qu’on en retient ? Baccara a prouvé qu’à la fin de années 70, on n’avait pas besoin d’être américain pour faire danser le monde.

L’héritage de Baccara

Baccara continuera à enregistrer dans les années 80, mais sans jamais retrouver la magie des débuts. Les deux chanteuses se séparent à la fin de la décennie, avant de reformer chacune leur propre version du groupe.

En 2021, María Mendiola s’éteint à 69 ans, laissant derrière elle un héritage disco toujours bien vivant. En Espagne, en Belgique, en Allemagne, Yes Sir, I Can Boogie reste un incontournable. Il a même été repris par des clubs de football, comme le Scottish National Team en 2021.

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