On parle vin

Le vignoble belge : une renaissance entre passion et défis

25 septembre 2025 | 3 min 40 sec

Longtemps éclipsée par la bière et le climat, la vigne retrouve aujourd’hui ses droits en Belgique. Entre cépages traditionnels, hybrides résistants et vins nature, ce jeune vignoble renaissant séduit par sa diversité, malgré des contraintes économiques et structurelles fortes.

Lorsqu’on évoque la Belgique et ses plaisirs de bouche, ce sont d’abord la bière et le chocolat qui viennent en mémoire. Pourtant, le vin belge connaît depuis quelques décennies une véritable renaissance, fruit de la passion de vignerons déterminés et des évolutions climatiques qui ouvrent de nouvelles perspectives.

Si les premières traces de viticulture en Belgique remontent à l’époque romaine, c’est au Moyen Âge qu’elle connut son véritable essor, portée par les moines cisterciens qui cultivaient la vigne pour le vin de messe. Mais le climat capricieux et l’essor de la bière mirent un frein durable à cette tradition. Il fallut attendre les années 1970 pour voir la vigne réapparaître, timidement d’abord, puis avec plus d’audace à partir des années 2000.

Aujourd’hui, la Belgique recense 8 appellations et 2 IGP. Chardonnay, pinot noir, pinot meunier côtoient des cépages autochtones comme le plan de Oiseul ou le Richelieu, et des variétés hybrides résistantes comme le Johanniter, le muscaris ou le souvenir gris. Nombre de jeunes vignerons privilégient le bio et explorent la voie des vins nature, offrant une palette originale, ancrée dans l’air du temps.

Cependant, ce vignoble renaissant fait face à plusieurs obstacles. En 2023, on comptait environ 290 domaines, dont la moitié de moins d’un hectare : de véritables jardins de passionnés, mais difficilement viables économiquement. Le manque d’infrastructures coopératives ou de maisons de négoce freine encore la structuration de la filière, tout comme la rareté des points de vente et l’absence d’exportation significative.

À cela s’ajoute le prix du foncier, particulièrement élevé : entre 50 000 et 100 000 euros l’hectare. Ce coût limite l’accès à la vigne, réservant souvent les nouvelles plantations à des investisseurs aisés visant des vins haut de gamme, inspirés des modèles bourguignons. Ainsi, une bouteille de vin belge se négocie entre 20 et 60 euros, reflet d’une production rare et exigeante.

Le vignoble belge est donc à un tournant : entre passion artisanale et ambition internationale, il porte en lui une promesse de qualité et d’originalité. Une aventure viticole encore jeune, mais déjà riche de promesses… à déguster, bien sûr, avec modération.

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On parle vin avec Olivier Delorme

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