De l’Etna aux plaines ensoleillées de Marsala, la Sicile cultive la vigne depuis plus de 3000 ans. Grâce à ses cépages autochtones comme le Nero d’Avola ou le Grillo, et à ses sols volcaniques riches en minéraux, l’île italienne s’impose aujourd’hui comme une terre de grands vins.
— Bonjour !
— Ah, chouette ! Aujourd’hui, on poursuit notre voyage au cœur des vignobles des îles italiennes, direction… la Sicile.
Ah, la Sicile ! Cette île volcanique, lumineuse, mystérieuse, baignée de soleil et d’histoire. C’est notamment grâce au célèbre vin de dessert, le Marsala – qui fera l’objet d’une chronique future – que la Sicile s’est fait un nom dans le monde viticole. Mais son histoire remonte bien plus loin encore, à une époque où l’Etna, encore endormi, veillait déjà sur les premières vignes.
Il y a plus de 3000 ans, les Phéniciens introduisent la vigne sur l’île, bientôt suivis par les Grecs, dès le VIIIe siècle avant J.-C. Mais c’est sous l’Empire romain que la Sicile devient une véritable terre de vin. Le Marsala, vin fortifié né au XVIIe siècle, connaît une renommée européenne grâce au marchand anglais John Woodhouse, qui le fait découvrir au-delà des mers.
Le phylloxéra, ce fléau du XIXe siècle, n’épargne pas la Sicile. Mais c’est dans les années 80 qu’un renouveau s’amorce : on replante, on choisit des cépages de qualité, on revient aux racines… littéralement. En quarante ans, la Sicile s’impose comme une région viticole de premier plan.
Parmi les cépages phares, impossible de ne pas citer le Nero d’Avola, cépage noir emblématique de l’île, qui donne des vins rouges puissants, structurés, fidèles à l’âme volcanique de la Sicile. L’Etna Rosso, issu du cépage Nerello Mascalese (et de son cousin Nerello Cappuccio), propose un style plus fin, plus tendu. On peut aussi rencontrer le Frappato ou le Perricone, autres cépages autochtones.
Mais la Sicile, c’est aussi une terre de vins blancs. Le Grillo, le Catarratto, le Fiano, l’Inzolia, ou encore le poétique Zibibbo (muscat d’Alexandrie) expriment toute la fraîcheur méditerranéenne. Le Caricante, souvent cultivé sur les pentes de l’Etna, donne des vins minéraux, droits, presque salins. Et puis, certains vignerons siciliens n’hésitent pas à travailler le Chardonnay ou même le Riesling, pour des cuvées pleines de surprise.
Beaucoup de ces vins portent l’appellation Sicilia DOC, ou des labels plus précis comme DOCG (Denominazione di Origine Controllata e Garantita), le summum de la classification italienne.
Et le terroir, dans tout cela ? Il est extraordinairement varié. Le climat est méditerranéen, avec des étés chauds et secs, des hivers doux. Le sol volcanique de l’Etna, chargé en minéraux, donne aux vins une complexité saisissante. Sur les pentes du volcan, la fraîcheur nocturne permet une maturation lente et subtile des raisins, pour des vins d’une grande finesse.
À l’ouest de l’île, autour de Marsala, les sols argileux et calcaires sont idéaux pour les vins fortifiés. Plus au sud-est, du côté de Noto ou Syracuse, les sols sont sablonneux, l’ensoleillement généreux, et les vins blancs y révèlent une très belle aromatique.
Aujourd’hui, la Sicile représente près de 100 000 hectares de vignes et produit entre 5 et 6 millions d’hectolitres de vin chaque année. Une puissance viticole qui rivalise avec la Toscane ou les Pouilles.