Le 27 février 1970, Claude Chabrol signe Le Boucher, drame rural et troublant porté par Jean Yanne et Stéphane Audran. Entre solitude, amour impossible et crimes inexpliqués, Chabrol dissèque les âmes blessées d’une France d’après-guerre. Un suspense d’une élégance glaçante.
Nous sommes le 27 février 1970. Happy Day pour Claude Chabrol. Son nouveau film se situe à la charnière entre les années 60 et 70. Son titre : "Le boucher". C’est un drame intimiste, plongé dans une France rurale encore fortement marquée par le poids du passé. L'histoire se déroule dans le petit village de Trémolat (dans le Périgord), une institutrice, Hélène (jouée par Stéphane Audran), rencontre, lors d’un mariage, Paul Thomas. C’est LUI, le boucher.
Vous aurez reconnu la voix de Jean Yanne, dont le personnage est un homme marqué par la guerre d’Indochine et d’Algérie. En quelque sorte, il chercherà échapper à un passé familial violent. C'est ici qu'une amitié intime se noue, tissée de solitude et de blessures anciennes, avec l'institutrice. Le tout sur fond d’une série de meurtres de jeunes femmes qui secoue le village.
Des histoires ? Pas vraiment. Hélène découvre, lors d’une sortie scolaire, le corps de la dernière victime. Sur les lieux du crime, elle trouve un briquet qui ressemble à celui qu’elle a offert au fameux boucher. Problème : Paul Thomas est encore en possession du briquet – du moins jusqu’à ce que d’autres indices pointent vers lui, révélant, petit à petit, sa véritable identité.
Chabrol ondule entre suspense, chronique rurale et peinture des âmes sombres. Le film adopte une mise en scène sèche et précise. Le ton est dépouillé. Chabrol dissèque la noirceur humaine sans JAMAIS rejeter ses personnages.
Le final est magistral, lui aussi. Chabrol raconte qu'il aurait écrit les 20 dernières minutes du film en deux jours lors d’une période de créativité intense. Pas d'effets spéciaux. Angoisse palpable. En 1970, Le Boucher va devenir l'emblème du style Chabrol. Projeté à New York en septembre, la presse s'emballe et parle d'un « chef-d'œuvre, une construction élégante d'ambiance, de ton et d'atmosphère d'une efficacité désarmante et extrêmement inquiétante. ». Chabrol devient alors le Hitchock français, sur une musique de… Pierre Jansen**.**
Le podcast Happy Days vous replonge dans les années 60 et 70, revisitant la folie musicale, les icônes comme Johnny, Brel ou les Beatles, et les grands événements culturels et scientifiques de l'époque. Chaque épisode propose un voyage nostalgique à travers les souvenirs marquants de ces 2 décennies