Qui n'a jamais hurlé "Mamma Mia, let me go" au volant de sa voiture en écoutant Nostalgie+ ? Aujourd'hui, ce titre est un monument de la culture pop. Mais pour comprendre la genèse de cet ovni musical, il faut rembobiner la cassette et revenir aux débuts d'un groupe londonien qui a toujours eu la folie des grandeurs.
Les débuts : l'ascension vers le trône
Au début des années 70, Freddie Mercury, Brian May, Roger Taylor et John Deacon forment une alliance redoutable. Le groupe a faim, très faim de succès.
Leurs trois premiers albums (Queen, Queen II et Sheer Heart Attack) posent les bases de leur son : des harmonies vocales complexes et une guitare puissante. En 1974, le titre Killer Queen leur offre un premier goût du succès international. Mais le groupe ne veut pas être "juste" un groupe de rock populaire. Ils veulent marquer l'histoire. Ils sont endettés, mais ils sont ambitieux. Il leur faut un chef-d'œuvre.
"A Night at the Opera" : l'album de la démesure
Nous sommes en 1975. Le groupe s'enferme en studio pour enregistrer leur quatrième album, A Night at the Opera. Le mot d'ordre ? Aucune limite.
C'est, à l'époque, l'album le plus cher jamais produit au Royaume-Uni. Le groupe explore tout : du music-hall au heavy metal en passant par la pop. C'est dans ce laboratoire créatif en ébullition que Freddie Mercury arrive avec une idée qu'il mûrit depuis des années. Il a des bouts de mélodies écrits sur des annuaires téléphoniques. Il a une vision : un morceau en trois actes. Une ballade, un opéra, et du hard rock.
"Vous êtes fous !" : le bras de fer avec les producteurs
Quand le groupe présente la version finale de Bohemian Rhapsody à leur label EMI, c'est la douche froide.
Les costards-cravates de la maison de disques sont atterrés. Leurs arguments ?
- La chanson dure 5 minutes et 55 secondes (c'est deux fois trop long pour la radio).
- Il n'y a pas de refrain.
- Mélanger du hard rock et de l'opéra est un "suicide commercial".
On exige du groupe qu'il coupe le morceau pour en faire une version "radio edit". Mais Queen tient tête. C'est tout ou rien. La légende raconte que Freddie Mercury a même déclaré : "Soit on sort tout, soit on ne sort rien". Vous imaginez le coup de bluff ?
Le coup de génie marketing
Pour contourner le refus des radios, le groupe confie une copie du disque à un ami DJ, Kenny Everett. La consigne est stricte : "Tu ne le passes surtout pas à l'antenne". Un clin d'œil suffit : Everett le diffuse... 14 fois en un week-end !
Le standard explose. Les auditeurs se ruent chez les disquaires le lundi matin pour acheter un disque qui n'est pas encore sorti. La main forcée, le label sort le 45 tours tel quel.
Le résultat ? 9 semaines numéro 1 au Royaume-Uni cette année-là. Queen venait d'inventer le clip vidéo moderne (pour pouvoir passer à l'émission Top of the Pops sans y être physiquement) et de prouver qu'en musique, l'audace paie toujours.
Le clip qui a tout changé
Impossible de parler de ce chef-d'œuvre sans revoir la vidéo promotionnelle qui a marqué des générations.