Avec Par où entre la lumière, publié aux éditions Philippe Rey, Joyce Ménard nous offre une fresque familiale bouleversante. Entre mémoire, pardon et quête de renaissance, l’autrice nous entraîne dans le New Hampshire, au cœur d’une histoire intime qui résonne avec l’universel.
Chaque rentrée littéraire réserve ses perles, ces romans qui s’imposent comme des compagnons de route dès les premières pages. Cette année, c’est Joyce Ménard qui frappe à notre porte avec un titre évocateur : Par où entre la lumière. Dès son ouverture, ce livre s’impose comme un récit vibrant sur les blessures de l’âme et la lente reconstruction que seule la tendresse du temps permet.
Nous y retrouvons Éléanor, une femme qui revient, après vingt-cinq années d’absence, dans la ferme familiale du New Hampshire. Lieu de joies passées mais aussi de blessures profondes, cette maison fut celle où elle épousa Cam, l’homme qu’elle croyait être l’amour de sa vie. Désormais disparu, il laisse derrière lui une mémoire contrastée et des enfants dont chacun porte à sa manière les traces du passé.
Toby, le fils cadet, vit toujours avec les séquelles d’un accident survenu dans l’enfance. Son frère aîné s’est éloigné, construisant sa vie ailleurs. Quant à Ursula, la fille silencieuse, son absence devient presque un personnage à part entière, hantant les pages du roman comme une ombre mélancolique.
Dans une écriture d’une rare délicatesse, Joyce Ménard nous fait suivre le cheminement d’Éléanor, ses tentatives de renouer avec ses enfants, d’apprivoiser les fantômes et d’ouvrir son cœur au renouveau. Car c’est bien là toute la question : à l’aube de sa seconde moitié de vie, saura-t-elle reconnaître le bonheur lorsqu’il frappera à nouveau ?
Avec une grande justesse, l’autrice mêle les destinées familiales aux évolutions de la société américaine contemporaine. Elle nous parle des saisons qui passent, des marchés hebdomadaires où la vie se réinvente, du poids des souvenirs et de la lumière qui, parfois, se glisse par la plus fine des fissures.
Par où entre la lumière est de ces romans qu’on referme avec émotion, le regard tourné vers nos propres racines, nos propres pardons à donner ou à recevoir. Une œuvre lumineuse, intime et universelle à la fois.
Le coup de coeur littéraire avec Christine Calmeau