Dans La Matinale (Gallimard), Nolwenn Le Blévennec signe un troisième roman décapant. Entre autofiction et satire des médias, elle brosse le portrait d’une femme en plein chaos, miroir d’une société obsédée par l’image et en proie à ses propres dérives.
Avec La Matinale, paru chez Gallimard, Nolwenn Le Blévennec s’impose comme une voix singulière de la rentrée littéraire. Journaliste et rédactrice en chef à L’Obs, elle signe ici son troisième roman, nourri d’une part assumée d’autofiction et d’un regard affûté sur notre époque.
L’histoire nous plonge dans le monologue fiévreux de Léonore de Caradec, star de la première matinale télévisée de France. Mais au moment où nous la rencontrons, ce n’est plus la vedette flamboyante que le public admire chaque matin : hospitalisée, peut-être à la veille d’un séjour en prison, elle livre à un psy le récit éperdu de son année de descente aux enfers.
Tout commence à l’été 2021, lorsqu’elle quitte mari et enfants pour céder à la passion d’Alexis, son séduisant mais narcissique coprésentateur. Rapidement, le rêve tourne au cauchemar. Entre désillusion amoureuse, burn-out professionnel et confrontation brutale à son propre déclin, Léonore assiste impuissante à l’effondrement de ses certitudes. La télévision, qu’elle croyait être son royaume, se révèle un univers féroce, régi par le diktat de l’image et la dictature du like.
À bout de forces, elle s’enfuit jusqu’à l’île de Sein, refuge de silence et de nature, où elle espère se reconstruire. Mais le retour d’Alexis ravive ses blessures, mettant à nu ses failles les plus intimes. Le roman oscille alors entre comédie satirique et drame psychologique, révélant la fragilité d’une femme mais aussi les fractures d’une société contemporaine minée par l’anxiété collective, la montée des extrêmes et la superficialité médiatique.
La plume de Nolwenn Le Blévennec claque, incisive, élégante, portée par un humour mordant. Avec un mélange rare de lucidité et de tendresse, elle capte l’air du temps et en dévoile les travers sans concession. La Matinale se lit comme une confession haletante, à la fois drôle et déchirante, qui résonne bien au-delà du destin de son héroïne.
Un roman brillant et corrosif, qui invite à rire autant qu’à réfléchir sur ce monde saturé d’images et d’illusions.
Le coup de coeur littéraire avec Christine Calmeau