Avec Tant mieux (Albin Michel), son 34ᵉ roman, Amélie Nothomb explore pour la première fois la figure maternelle. Entre conte cruel et confession intime, elle offre un récit d’une intensité rare, mêlant douleur, tendresse et hommage pudique à sa maman récemment disparue.
Depuis 1992, Amélie Nothomb rythme la rentrée littéraire de ses fidèles lecteurs avec un roman chaque année. Trente-quatre ouvrages plus tard, elle surprend encore. Après avoir abordé la figure paternelle dans Premier Sang, l’écrivaine belge la plus traduite au monde choisit cette fois de se confronter à l’ombre et à la lumière de sa mère. Le résultat : Tant mieux, publié chez Albin Michel, un récit d’une rare intensité émotionnelle.
Tout commence en 1942. La guerre gronde, Bruxelles est bombardée. Adrienne, âgée de quatre ans, est envoyée à Gand chez sa grand-mère maternelle. Loin d’y trouver refuge, elle subit un véritable calvaire auprès d’une femme acariâtre, sans tendresse, qui ne vit que pour son chat. De retour chez ses parents, Astrid et Donatien, la petite fille découvre un foyer où l’épanouissement est tout aussi fragile : un père volage et une mère dont la haine envers les félins prend parfois des allures d’obsession.
Face à ce quotidien difficile, Adrienne se forge une devise : « Tant mieux ». Comme une formule magique, elle transforme chaque contrariété en force. Ce mantra devient sa carapace, son moyen de résister à l’adversité.
Le récit, d’abord teinté de cruauté, glisse peu à peu vers une tonalité inattendue. Aux neuf dixièmes du livre, Amélie Nothomb prend directement la parole. Elle atteste de la véracité des faits, puis livre une confession rare et bouleversante. Elle révèle combien il lui fut plus douloureux d’écrire sur sa mère que sur son père, tant la relation fut complexe, faite d’ambivalences et d’ombres.
Avec une pudeur remarquable et une écriture toujours ciselée, Nothomb transforme ce témoignage intime en hommage vibrant. Tant mieux explore la mémoire, l’enfance et les liens maternels dans toute leur force contradictoire. C’est sans doute l’un de ses romans les plus personnels, mais aussi l’un de ses plus universels, tant chacun peut y retrouver un reflet de ses propres blessures et attachements familiaux.
Un texte puissant, tendre et courageux, qui marque un sommet dans l’œuvre déjà foisonnante d’Amélie Nothomb.
Le coup de coeur littéraire avec Christine Calmeau