Dans Entre nous, Sabine Mathus et Olivier Delorme éclairent un sujet essentiel pour comprendre le vin moderne : la différence entre cépages classiques, hybrides et métis. Un voyage entre tradition, climat et innovation, pour mieux saisir l’avenir de nos verres.
Dans cet épisode d’Entre nous, Sabine Mathus accueille son fidèle guide œnologique, Olivier Delorme, pour une plongée passionnante dans le monde des cépages. Car derrière chaque bouteille, il y a une histoire de climat, de sols, mais aussi de génétique : celle des cépages classiques, hybrides et métis.
Olivier commence par rappeler qu’il existe une multitude d’espèces de vignes, mais que le vin que nous connaissons aujourd’hui doit beaucoup au vitis vinifera, cépages d’origine eurasienne comme le chardonnay, le pinot noir ou le merlot. Plus aromatiques, plus élégants, ils ont bâti la réputation du vin européen. Face à eux, les vignes américaines — vitis labrusca ou vitis riparia — ont longtemps été utilisées pour leur résistance naturelle.
Ce sont ces vignes américaines qui, à la fin du XIXe siècle, ont sauvé le vignoble européen ravagé par le phylloxéra, ce minuscule insecte qui détruisit presque toutes les vignes entre 1850 et 1900. On choisit alors la solution du greffage : un plant vinifera greffé sur une racine américaine, alliant qualité aromatique et résistance du porte-greffe.
Mais aujourd’hui, le réchauffement climatique redistribue les cartes. Les vitis vinifera montrent leurs limites : chaleur excessive, sécheresses, baisses de diversité aromatique. Les cépages américains, eux, s’adaptent mieux… d’où le retour en force des hybrides, issus d’un croisement entre vignes européennes et américaines.
Olivier souligne leurs avantages :
– une moindre demande en eau,
– une meilleure résistance à la chaleur, au gel et aux maladies,
– moins de pesticides,
– un taux d’alcool modéré (11–12°).
La Champagne a même homologué un hybride : Voltis, désormais autorisé dans les cuvées jusqu’à 10 %. Et le vignoble belge, en plein essor, est devenu l’un des champions de ces cépages d’avenir.
Viennent ensuite les cépages métis, fruits du croisement de deux variétés… mais au sein de la même espèce vinifera. Certains sont nés naturellement, mais la plupart sont issus de la main de l’homme, comme le Müller-Thurgau (Riesling × Madeleine royale), le Pinotage (Pinot noir × Cinsault), le Caladoc (Grenache noir × Malbec) ou le Marselan (Grenache noir × Cabernet sauvignon). Ces “métis” enrichissent la palette aromatique et offrent de passionnants terrains de jeu pour les vignerons.
Un épisode limpide, pédagogique et passionné, idéal pour comprendre comment le vin se réinvente face au climat — entre héritage et innovation.