Dans Entre nous, Sabine Mathus et Olivier Delorme nous emmènent sur les coteaux vertigineux du Rhône pour découvrir le Condrieu, vin blanc mythique façonné par le Viognier. Histoire, terroir unique, vendanges héroïques et arômes somptueux : un voyage au cœur d’un vin d’exception.
Dans cet épisode d’Entre nous, Sabine Mathus accueille son « coach en vin », Olivier Delorme, pour une escale en territoire d’exception : Condrieu, l’un des plus grands vins blancs de France, à la fois sec et doux, somptueux compagnon des repas de fête. Situé sur la rive droite du Rhône, ce vignoble bénéficie d’un microclimat unique, entre fleuve, contreforts du Massif central et influence alpine.
Olivier rappelle que le terroir de Condrieu est une véritable prouesse humaine : 16 kilomètres de coteaux escarpés, parfois à plus de 50 % de pente, où la vigne s’accroche grâce aux terrasses appelées chaillées. Un vignoble suspendu, composé de sols granitiques riches en mica, travaillés souvent à la main car les machines y sont impossibles. On disait autrefois qu’il fallait « un homme pour un hectare ». Aujourd’hui encore, les vendangeurs doivent s’équiper de harnais pour tenir debout.
Les rendements n’excèdent guère 20 à 25 hectolitres par hectare, bien loin des 41 autorisés. Mais cette faible production est la clé de son intensité. Orientés sud et sud-est, les coteaux bénéficient à la fois d’une protection contre les vents froids et d’un vent chaud du sud, le vent chaux, qui favorise la maturation du raisin et limite les maladies.
Condrieu a connu des heures fastes : apprécié des papes d’Avignon, vendu à prix d’or à Paris aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles. Mais le phylloxéra au XIXᵉ siècle l’a presque fait disparaître. À la création de l’AOC en 1940, il ne restait qu’une dizaine d’hectares cultivés. Grâce à la passion de quelques vignerons visionnaires, le vignoble renaît peu à peu et retrouve sa place au sommet.
Un seul cépage donne naissance au Condrieu : le Viognier. Cépage délicat, d’origine alpine, dont le berceau est ici, à Condrieu même. Il a essaimé dans le monde entier mais n’a jamais retrouvé ailleurs l’expression qu’il atteint sur ces pentes granitiques. Parent de cépages comme la Fressa, apparentée au Nebbiolo, son nom viendrait du celte Vidu (« bois »), rappelant l’ancien toponyme local Vionne.
Olivier détaille ensuite les arômes de ce vin somptueux :
– jeunes, des notes de fruits frais — abricot, pêche, poire — relevées d’une touche de violette ;
– avec le temps, une robe dorée, des nuances miellées, minérales, d’une grande élégance.
Depuis quelques années, grâce aux millésimes plus chauds, le Condrieu se prête même au jeu des vendanges tardives, représentant environ 10 % de la production : une version encore plus riche, plus solaire, presque liquoreuse.
Un vin à la douceur envoûtante, souple comme une caresse, et pourtant soutenu par une puissance discrète.