En février 1980, Alain Bashung sort « Gaby oh Gaby », chanson née d'une improvisation de Boris Bergman. Après des années de galère, ce titre décalé lui offre enfin le succès, 800 000 exemplaires vendus et son premier disque d'or. Un Happy Day salvateur pour celui qui deviendra une icône du rock.
Nous sommes en janvier 1980. Le Happy Day n’est plus très loin pour un chanteur français malheureux. Sans le savoir, il va enregistrer le disque sans lequel sa carrière aurait pu s'arrêter là, après des années de déconvenues et d'échecs.
Cette chanson est enregistrée aux Studios Ferber à Paris. Le titre sort début février et la vie d'Alain Bashung pourrait bien changer. Il faut dire qu'il y a 3 ans, son premier album "Roman Photos" a été un échec commercial, en pleine période punk...
Ce n'est pas la première fois que ses productions propres prennent l'eau. Avec "Roman Photos", Alain Bashung noie sa désillusion dans la drogue, l'alcool et songe même au pire.
Il tente une nouvelle aventure en 1979 avec "Roulette Russe", un album plus sombre, plus rock qui sera diffusé, un peu. Il faut alors tenter le tout pour le tout et se mettre au diapason de l'époque. Problème : Bashung est différent.
Fin 1979, il est considéré par le métier comme un loser. Philips songe à lui rendre son contrat. Puis arrive un texte de Boris Bergman, qui, au départ, doit être une face B. La chanson devait s'appeler "Max Amphibie". De ce titre, le duo Bashung/Bergman garde la première phrase...
Puis le duo réécrit la chanson qui devient “Gaby oh Gaby”. C'est l'histoire, non pas d'une femme, mais d'un travesti. Gaby vient de Gaboune, un mot apache qui signifie homo.
Lors de l'enregistrement, en janvier 1980, il manque quelques phrases encore pour terminer la chanson. Bashung s'absente pour aller aux toilettes. Bergman griffonne sur le pupitre ce qu'il pense être une connerie pour détendre l'atmosphère et le faire rire. C'est la fameuse phrase sur les frites...
L'ingénieur du son, Dominique Blanc-Francard, estime que cette phrase est je cite “énorme”. Et il a raison. Même si, une fois encore, rien n'est joué ou gagné d'avance.
Aucune radio ne veut diffuser le titre. Aucune ? Jean-Bernard Hebey diffuse "Gaby" dans son émission Poste Restante sur RTL. Mais cela ne suffira pas !
Il faudra beaucoup, beaucoup de travail pour que le single s'impose. Des articles dans Rock & Folk, mais surtout Best, vont convaincre Europe 1 de diffuser le titre 3 fois par jour. Puis RTL et France Inter suivront.
Le 16 août 1980 est sans doute le véritable happy day de cette histoire, "Gaby" entre dans le hit parade et va y rester 18 semaines. Il occupera même la première place le 4 et le 17 octobre.
Après 14 ans de métier, des single et des albums injustement boudés, Bashung tient enfin sa revanche. Son disque s'écoulera au total à plus de 800 000 exemplaires. Ce sera AUSSI le premier disque d'Or de sa carrière...
Le podcast Happy Days vous replonge dans les années 60 et 70, revisitant la folie musicale, les icônes comme Johnny, Brel ou les Beatles, et les grands événements culturels et scientifiques de l'époque. Chaque épisode propose un voyage nostalgique à travers les souvenirs marquants de ces 2 décennies