En 1978, Linda de Suza, immigrée clandestine arrivée en France en 1972, enregistre son premier single « Un Portugais ». Après des années de petits boulots, elle se fait remarquer sur Antenne 2. Sa voix émouvante séduit le public, marquant le début d'une carrière avec 14 albums.
Happy day en ce début d'année 1978 pour une femme. Elle a fui son pays il y a 6 ans seulement. Emportant, avec elle, son fils et une simple valise en carton.
Cette femme s'appelle Linda et elle chantait le fado, dans le Portugal d'avant la révolution.
1972. Tirouli tiroula. Linda quitte sa terre natale, laissant derrière elle une vie difficile, rêvant d'un avenir meilleur en France. Sans passeport, sans papiers, elle traverse la frontière clandestinement. Direction, Paris. Et elle y arrive, quelques semaines plus tard.
À Paris, la réalité est dure. Les petits boulots s'enchaînent : femme de ménage, femme de chambre, serveuse, ouvrière. Chaque jour est un combat. Pourtant, Linda rêve. La musique est son refuge, sa passion. Elle chante dès qu'elle le peut. Linda a toujours chanté.
Linda chante dans un bistro, Chez Louisette, à Saint-Ouen. Elle ne baisse pas les bras, la chance pourrait lui sourire. Qui sait ?
Sans relâche, elle va elle-même présenter des maquettes de chansons à des producteurs parisiens.
Son inspiration du moment ? Elle reprend Gigi L’Amoroso de Dalida pour montrer l'étendue de sa puissance vocale.
Le moment arrive. En 1978, Linda de Suza a trouvé un producteur. Elle enregistre son premier single, "Un Portugais".
Une chanson qui raconte son histoire, mais surtout l'histoire des immigrants, de leurs espoirs, de leurs sacrifices. Maintenant, il faut qu’on la remarque !
Un jour, pour la première fois, elle est invitée dans une émission de télévision de Jacques Martin. Boum !
Il est 20h30. Nous sommes sur Antenne 2. Linda de Suza chante en direct, avec un véritable orchestre, dans sa propre langue.
La prestation est splendide. Mais au moment de chanter, quelques notes un peu hésitantes s'échappent, Linda est envahie par le trac. Cela dit, personne ne lui en tiendra rigueur.
Son authenticité, sa sincérité, sa voix émouvante séduisent le public francophone. En ce happy day de 1978, la mère seule qui faisait honte à sa famille est officiellement à l'aube d'une forme de carrière.
Elle ignore tout des 14 albums et des 20 millions de disques qui suivront "Le Portugais".
Le podcast Happy Days vous replonge dans les années 60 et 70, revisitant la folie musicale, les icônes comme Johnny, Brel ou les Beatles, et les grands événements culturels et scientifiques de l'époque. Chaque épisode propose un voyage nostalgique à travers les souvenirs marquants de ces deux décenn