Le 21 janvier 1976 sort « Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles ». Chantal Akerman y filme trois jours dans la vie d’une femme au foyer, campée par Delphine Seyrig. Un film radical, féministe, hypnotique... élu meilleur film de tous les temps en 2022.
Nous sommes le 21 janvier 1976. Dans les rues de Bruxelles, une femme, talons haut marche, d’un pas décidé, dans la rue, avec une splendide chevelure rousse. Elle s'arrête 23 quai du commerce et le film peut commencer. Cette femme, c'est Jeanne Dielman. Et c'est le happy day tant attendu de Chantal Akerman.
La musique du film est familière. Et pour cause, c'est Für Elise version Paula Alrich.
Bon, il faut tout de même entrer dans le dur. Le film « Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles » a une durée exceptionnelle de 201 minutes. C’est une méditation féministe sur la condition de la femme au foyer dans les années 70 en Belgique.
Il vaut mieux être averti avant de se déplacer en salle. Pourquoi ? Parce que le film suit trois jours dans la vie monotone et aliénante d'une femme, Jeanne Dielman, campée par Delphine Seyrig. C'est une veuve, elle est mère d’un fils adolescent et mène une vie routinière, méticuleusement répétée. Cette vie s'articule entre des tâches ménagères (cuisine, ménage, courses, tricot) et la prostitution occasionnelle chez elle pour arrondir ses fins de mois.
Pas de parole inutile, un homme à chapeau sonne, elle ouvre, ils se dirigent dans la chambre, c'est fini, il paie, elle refait le lit. Et voilà ce qu'on entend. C'est à dire, pas grand chose.
Le film de Chantal Akerman dépeint avec une précision chirurgicale l’isolement et le vide affectif de cette femme enfermée dans un quotidien, sans plaisir. Reste le poids des tâches domestiques et l’effacement du désir.
En dehors des notes de piano, la musique dans le film « Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles » est très minimaliste. Plutôt qu'une bande originale orchestrale ou traditionnelle, Chantal Akerman utilise les sons ambiants du quotidien : le bruit des clés, des portes, de l’eau qui coule, la vaisselle, pour créer une atmosphère sonore immersive. C'est une sorte de « partition mélancolique ».
Bref, beaucoup de Belges s'ennuient, attirés par la curiosité. Mais d'autres, cinéphiles, crient au génie. « Premier chef-d'œuvre au féminin de l'Histoire du cinéma », selon le journal Le Monde lors de la sortie du film. Jeanne Dielman sera élu en 2022 meilleur film de tous les temps par la revue britannique "Sight and Sound".
Le podcast Happy Days vous replonge dans les années 60 et 70, revisitant la folie musicale, les icônes comme Johnny, Brel ou les Beatles, et les grands événements culturels et scientifiques de l'époque. Chaque épisode propose un voyage nostalgique à travers les souvenirs marquants de ces 2 décennies